Naho soupira et se laissa tomber sur son lit. La veille, Amu Hinamori ne l'avait pas lâché d'une semelle, lui avait posé milles et une question dont une qui revenait toutes les deux minutes "Tu es certaine de n'avoir rien remarqué de spécial ?". Bien sûr, Naho avait vu et entendu des choses étranges. Mais ce n'était probablement que son imagination. En vérité, elle en était même certaine. Alors, elle avait préféré ne rien dire, garder le silence.

- Amu Hinamori... Tu veux me faire croire à l'existence des Shugo Chara hein ? Je te souhaite bien du courage...

*

Plusieurs jours étaient passés depuis la résolution d'Amu vis-à-vis de Naho et des Shugo Chara. Naho avait réussi à l'éviter autant qu'elle pouvait. Elle ne passait plus au Jardin Royal après les cours, rentrait directement chez elle en prenant soin d'éviter le plus de monde possible. Elle ne prenait plus Sho sur le chemin du collège le matin. Elle séchait parfois les cours, et ses notes qui n'étaient déjà pas des plus excellentes étaient de moins en moins bonnes. En définitive, Naho était bien partie pour redoubler une deuxième année...

Et c'est ainsi que les gardiens actuels se réunirent et prirent une décision...

Alors qu'elle mangeait son repas dans la salle de classe, Naho fut interrompu par une annonce.

- Naho Nakamura est attendu dans le bureau du proviseur.

Naho s'y dirigea alors à grand pas, se demandant ce qu'elle avait bien pu faire pour être convoqué chez le directeur. Arrivé à destination, elle toqua et attendit qu'on lui dise d'entrer.

- Ah oui, Naho Nakamura... Je suis très occupé aussi je n'ai pas beaucoup de temps...

Il tendit une lettre à Naho.

- Pour faire court, vous êtes dénuer de vos fonctions de Joker, tout est expliqué en profondeur dans cette lettre. Au revoir mademoiselle.

Naho saisit l'enveloppe et sortit de la salle. Alors comme ça, elle n'était plus Joker... Viré en somme. Elle ne savait même pas qu'une telle chose soit possible. Elle devait vraiment être pitoyable. La première et probablement la seule gardienne à avoir un jour était viré de son poste. Pathétique. Remarque, ce n'était peut être pas une si mauvaise chose. Elle allait avoir plus de temps pour elle, elle n'aurait plus à se soucier de ces idioties de Shugo Chara. Non, c'était très bien ainsi. C'était beaucoup mieux.

Et pourtant, Naho était furieuse. On lui avait juste remis un bout de papier, comme ça. Personne ne l'a prévenu à l'avance, pas même Sho. Elle rentra dans sa salle de classe et prit son sac avant de se diriger à nouveau vers la porte. La sonnerie retentit à ce moment et le professeur entra au moment même où elle s'apprêtait.

- Mlle Nakamura ? Ca a sonné, vous savez ? Allez à votre place.

- Je ne me sens pas bien, je vais rentrer chez moi. Au revoir monsieur.

Et Naho sortit s'en donner plus d'explication.

*

Naho n'avait aucunement l'envie de rentrer chez elle. Elle se dirigea vers le parc où elle acheta une glace et s'installa sur un banc.

- Vas-y que j'te nomme Joker à l'improviste sans te demander ton accord, puis hop là vlà que je te cause de créature imaginaire nommé Shugo Chara, et puis finalement vas-y que je retire de tes fonctions sans même avoir le courage de te le dire en face ! Rah, ils m'énervent ! Et cette Amu, non mais de quoi je me mêle ? Si j'crois pas à tes conneries de Shugo Chara, j'y croirais toujours pas même si tu m'en parle tout le temps !

- Si je peux me permettre, ta glace est en train de fondre. Si t'en veux pas, moi j'la veux bien.

Et hop, aussitôt dit aussitôt fait, l'inconnu prenait la glace que tenait Naho dans sa main il y avait encore quelques secondes.

- Non mais vas-y, te gêne pas ! T'as intérêt à m'en payer une autre hein ! Et la même !

Elle tourna la tête vers l'inconnu qui n'était finalement pas si inconnu que ça avant de détourner le regard immédiatement. Oh non pitié, pensa-t-elle, pas lui...

- Bon, finalement, je m'en passerai. Je n'ai pas faim de toute façon.

Elle se leva et s'éloigna. Sur toutes les personnes présente dans ce parc, il avait fallu qu'elle tombe sur lui. Le destin avait un sens de l'humour des plus tordus. En plus, il a fallu qu'il mange sa glace. Glace qu'elle avait... Ah non, elle ne l'avait même pas commencé donc non. C'était dommage finalement. Elle secoua la tête. Naho, tu n'es plus une gamine, ces histoires de baisers indirects c'est plus de ton âge, se réprimanda-t-elle.

- Au fait, je t'ai entendu parler de Shugo Chara...

Ah merde. Elle avait parlé à voix haute. Toujours ces foutus Shugo Chara. Même lui s'y mettait, génial, youhou, la vie est belle !

- Je vois pas de quoi tu parles.

- J'ai pas l'intention de te voler le tien, tu sais...

- En même temps, voler quelque chose qui n'existe pas risque de s'avérer difficile.

Naho se mordit la lèvre. Elle aurait du se taire. Il va lui poser des questions à ce sujet, elle devra répondre et il va vouloir faire comme Amu.

- Tu n'en a pas alors ?

- Ce serait plus simple si je n'en avais pas...

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Naho eut un petit rire nerveux. Elle aurait vu mieux comme conversation avec celui qu'elle aime.

- Il semblerait que je possède un des ces trucs mais que je ne suis pas capable de le voir. Et ce parce que je refuse de croire en l'existence de ces machins.

- Naho...

Elle se tourna vers Kûkai. Kûkai, ancien capitaine de l'équipe de foot du collège. Kûkai, qui a une petite amie ravissante. Génial Naho, t'as le chic pour tomber amoureuse de la mauvaise personne.

- Tu connais mon prénom ?

Il secoua la tête négativement et désigna mon sac.

- Ca vient de là. Ton chara ?

- Oh, je crois que c'est là dedans que les autres l'ont vu...

Naho fouilla à l'intérieur de son sac, sans rien trouver.

- Ah, c'est vrai, j'oubliais...

Elle soupira et tendit son sac à Kûkai.

- Regarde, toi, moi je suis incapable de le voir.

Kûkai lui lança un regard interrogatif avant de prendre le sac et de fouiller à l'intérieur. Rapidement, il sortit le prétendu chara invisible aux yeux de Naho, l'air victorieux.

- Ah ah... Tu peux le garder, s'il te plait ? Je n'en ai aucune utilité, et ce truc ne fait que m'apporter des ennuis...

Sentant les larmes monter, Naho se frotta les yeux d'avance. Hors de question de pleurer pour un truc qui n'existe pas. Malheureusement, sa bonne volonté n'y fit rien, et bientôt Naho fut prise par un déluge de larme. Kûkai lui tendit un mouchoir.

- Je suis désolée de t'embêter avec mes problèmes... Je suis pitoyable...

- Pas de souci. Cette cape... Tu es chez les gardiens ?

- Hein ? Euh, oui... Enfin, j'étais. Il faudrait que j'aille leur rendre d'ailleurs...

Devant l'air interrogatif qu'affichait Kûkai, je continuais.

- On m'a mise à la porte. Ca n'aurait pas du m'atteindre puisque je ne faisais que les éviter mais ça m'a profondément vexée.

- Pourquoi les évitais-tu ?

- Parce que... Ils ne faisaient que parler de mon chara, et c'était frustrant. Et puis, il y a Amu... Elle s'est mise en tête de me faire croire en son existence.

- Tu n'y crois pas du tout ?

- Non. Enfin... Je ne sais pas. Bref, je dois partir, au revoir.

- Hein ? M-

*

- Naho, tu a de la visite.

- Dis à Sho de dégager immédiatement.

- Ce n'est pas Sho, c'est une jeune fille du nom de... Amu. Je la fait monter dans ta chambre.

- Non, surtout pas !

Trop tard. Amu venait d'entrer.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Je n'ai plus rien à faire avec les gardiens. Je suis une étudiante des plus banales maintenant. Vos histoire de chara à deux balles, c'est fini pour moi, j'en ai ma claque.

- Je me sui-

- Oui, tu t'es engagé à me faire croire en leur existence, je suis au courant, merci.

Le silence qui s'ensuivit était tel qu'on aurait pu entendre une mouche voler.

- Tu sais, commença Amu, tu me ressemble un peu. J'étais un peu comme toi quand j'ai découvert mes charas. A la différence que moi, je pouvais les voir.

Naho se mordit la lèvre. Tais-toi, tais-toi, je m'en fiche.

- Au début, je trouvais que ça ne m'apportait que des problèmes, que c'était mal de changer la personnalité des gens et je ne voulais pas de ces charas. Et puis, j'ai fini par changer d'avis. S'il te plait, essaye d'y croire, ne serait-ce qu'un peu... Tu auras l'occasion de t'en apercevoir toi aussi. Et tu pourras enfin comprendre. Si tu continue de penser comme tu pense maintenant, la situation actuelle ne s'améliorera pas. C'est tout ce que j'avais à te dire, au revoir Naho.

Et elle sortit de la chambre de Naho sans dire un mot de plus.

- Tu ne peux pas comprendre... Essaye d'y croire... Elle en a de bonne, celle là...

Naho s'assit sur la chaise de son bureau et ouvrit son sac.

- Encore une fois, je ne vois rien...

Elle soupira.

- Bon, après tout, tenter d'y croire ne devrait pas me demander trop d'effort...